Co2 : Voiture électrique ⚡️ vs voiture thermique en France.

Co2 : Voiture électrique ⚡️ vs voiture thermique en France.

La France vise, au plus tard en 2050, la neutralité climatique. Pour atteindre ce cap, chaque habitant doit diviser par quatre ses émissions annuelles. Or, les déplacements motorisés pèsent à eux seuls près d’un quart du bilan personnel moyen. Avant de parler de modèles : la première action reste donc de rouler moins (et donc de favoriser le vélo, le transports en commun, le covoiturage, ou le télétravail...)

Quand une voiture demeure indispensable, il faut comprendre où se cachent ses émissions pour faire le choix le moins nocif.

Dans cet article, nous verrons à partir de quel kilométrage l’électrique gagne-t-il ? Quand est-il intéressant de changer d'un point de vue climatique ?

1. Deux postes d’émissions à ne jamais confondre

La « dette carbone » de fabrication

Une voiture a besoin d'acier, d'aluminium, de plastiques, d'électronique et, pour l’électrique, de batterie.

Or, produire des batteries en lithium n'est pas sans impact et rejettent beaucoup de Co2. Selon une étude suédoise, produire 1 kwh de stockage de batterie émettrait environ 80 kg de Co2. Pour une Renault Zoe  (52 kwh de batterie), rien que la production des batteries émettrait plus de 4 tonnes de Co2.

Ainsi, L'ADEME estime que la fabrication et l'assemblage d'une voiture électrique moyenne émettrait 6.57 tonnes de Co2 (presque 2 fois la fabrication d'une voiture thermique).

Les émissions pendant l’usage

Essence : un litre brûlé libère 2,71 kg CO₂e (facteur officiel Base Carbone). À 6 L/100 km, on parle de ≈ 160 g CO₂e/km.

De son côté, une voiture éléctrique utilise de l'électricité. Le réseau français a atteint 21,7 g CO₂e/kWh en 2024. Une citadine qui consomme 15 kWh/100 km ne rejette plus qu’≈ 0.85 g CO₂e/km en roulage, soit 19 fois moins qu’une petite essence.

2. Résultat

Mettre une voiture électrique neuve sur la route commence par creuser un trou de 3 à 4 tonnes de CO₂ de plus qu’une thermique équivalente. La question clé devient : au bout de combien de kilomètres l’usage sobre de l’électrique rembourse-t-il cette dette ?

👉 Selon nos calculs (voir ici), la distance en dessous de laquelle une voiture d'occasion est plus écologique est de 3500 km par an.

Cela veut dire qu'en dessous de 3500 km par an, il est plus écologique d'acheter une vieille voiture plutôt que de s'offrir une nouvelle voiture électrique.

La voiture d'occasion a un deuxième avantage : comme l'impact d'une voiture est indexé sur l'usage (sur l'essence), cela peut inciter la propriétaire à moins rouler, et c'est un facteur clé de notre transition environnementale.

👉 En revanche, si jamais vous allez avoir besoin de continuer de rouler plus que 3500 km par an lors des 5 prochaines années, alors un véhicule électrique est largement préférable.

3. Trois scénarios pratiques

Votre kilométrage annuelChoix le plus sobrePourquoi
< 3 500 kmConserver / acheter une occasionLes émissions de fabrication dominent ; l’usage reste modeste.
3 500 – 10 000 kmCas intermédiaireL’électrique devient vite gagnante si la batterie est petite, si l’électricité est verte ou si l’occasion est un gros moteur essence.
> 10 000 kmÉlectrique neuveLe gain à l’usage compense très vite le « surcoût carbone » initial.

4. Cas particuliers et idées reçues

  • Hybride rechargeable : intéressant seulement si l’on recharge chaque nuit et que 70 % des trajets quotidiens passent en mode électrique. Sinon, on transporte du poids inutile et on continue de brûler du pétrole.
  • Hybride non-rechargeable : gagne 15-20 % de carburant en ville grâce à la récupération d’énergie, mais reste une voiture thermique, donc un palliatif.
  • SUV électriques : la masse supplémentaire repousse fortement le point d’équilibre mentionné plus haut. Une compacte de 45 kWh battra toujours un SUV de 90 kWh si les parcours sont identiques.
  • Autres pays : dès que le mix électrique dépasse 450 g CO₂e/kWh (cas de l’Australie ou de certaines régions chinoises), la voiture électrique perd presque tout son avantage et peut même dépasser la thermique.

Conclusion

  1. Rouler moins reste l’action la plus puissante.
  2. Sous 3 500 km/an, allonger la durée de vie d’une voiture déjà fabriquée prévaut.
  3. Au-delà, l’électrique française rembourse vite sa dette grâce à un réseau très décarboné.
  4. La taille de la batterie, le poids du véhicule et le mix électrique local déplacent largement le curseur ; choisir une petite batterie et recharger hors pointe maximise le gain.
  5. Les hybrides ne sont qu’une transition : utiles quand on ne peut pas recharger souvent, mais moins vertueuses qu’elles n’y paraissent si l’essence reste majoritaire.