Faut-il privilégier local ou de saison ?
Voilà une belle question ! En préambule : la réponse n'est pas si simple (sinon, ça se saurait). Les deux sont évidemment utiles. Regardons ensemble lequel des deux est à privilégier.
Local, locavore, circuit court, de saison : que signifient ces termes ?
Produits à 91% locavores !
Il y a de plus en plus de restaurants qui mettent en avant l'une ou l'autre de ces expressions, au même titre que "bio" ou "fait maison". Toutefois, le problème majeur est qu'il n'existe aucun label ou réglementation pour les définir (à la différence du bio par exemple).
Il en ressort donc une utilisation très subjective de ces termes. Certains restaurants considèrent locaux leurs ingrédients qui font 180 kms pour arriver jusqu'à leur cuisine, là où d'autres mettront la limite à 60 kms.
A propos du circuit court
Attention, des produits "issus de circuits courts" ne viennent pas de la ferme d'à côté ! "Circuit court" n'a rien à voir avec la distance parcourue ou le lieu de production mais avec le nombre d'intermédiaires entre le producteur et le vendeur, qui doit être égal ou inférieur à... 1 ! Pourquoi il ne faut pas le confondre avec "local" ? Tout simplement parce qu'une banane qui provient de Martinique et qui est vendue par le primeur en bas de chez vous parcourt 6 800 kms mais peut tout de même être qualifiée de "circuit court".
Quel est l'intérêt de cette expression ? Elle indique, comme dit précédemment, qu'il y a peu d'intermédiaires entre le producteur et le vendeur, ce qui signifie qu'il y a moins de frais tiers. Quand vous payez vos carottes "circuit court" à 1.20€ le kilo, vous savez que cet argent est partagé au maximum entre 3 entreprises (producteur - fournisseur - revendeur), ce qui permet en théorie une meilleure rémunération de chacun de ces acteurs. Une marque très connue qui pratique le circuit court : La marque des consommateurs.
Quel impact de consommer local ?
Les gros avantages du local ? Limiter les trajets et favoriser les petits producteurs !
C'est logique, lorsqu'on réduit la distance à parcourir entre le site de production et le point de vente, on réduit par la même occasion les émissions carbone ! Attention toutefois à ne pas tomber dans un excès d'optimisme, la part du transport dans l'empreinte carbone des produits est souvent plus faible que ce que l'on imagine (moins de 10% en moyenne).
Par exemple, selon Agribalyse, 6% des émissions d'un artichaut provient du transport. Pour l'œuf, on obtient 3% et pour de l'agneau 0.4%. Se fournir localement a donc un impact environnemental positif mais limité.
Consommer local valorise les producteurs à proximité de chez vous. Tout simplement parce que vous faites le choix d'acheter chez eux plutôt qu'à des entreprises qui produisent en masse et à moindre coût. Simple. Basique.
Un dernier avantage du local est le niveau de transparence dans la méthode de production. Il est toujours plus facile de se renseigner sur ce que fait son voisin que sur son homologue népalais. Vous pouvez donc plus facilement choisir la qualité et l'éco-responsabilité de votre achat. C'est le moment d'aller visiter la ferme biodynamique qui se trouve à 3 kms de chez vous ! Et si vous préférez aller au marché ou chez votre grossiste, rien ne vous empêche de vous renseigner sur le lieu de production de vos fruits et légumes favoris !
Le ministère de l'alimentation et de l'agriculture a même créé un site internet qui recense producteurs et revendeurs de produits locaux : Frais et local !
Consommer de saison
La nature est rythmée par des saisons. Lorsque nous déjouons ces lois pour notre alimentation, cela a un impact non négligeable sur l'environnement : les fruits et les légumes parcourent de plus grandes distances ou se retrouvent dans des serres (qu'il faut chauffer). Dans les 2 cas, ce n'est pas idéal.
Les tomates cultivées sous serre nécessitent par exemple 4.5 fois plus d'énergie que celles plantées en pleine terre.
Alors pourquoi en trouvons-nous à tout moment ? Eh bien, parce que l'offre et la demande. Avec les différentes techniques de conservation qui existent aujourd'hui, on peut acheter tout type de produit, n'importe où et n'importe quand. Mais ces techniques ne sont pas sans leurs désavantages :
- Le premier est qu'elles créent des déchets supplémentaires (pots, couvercles, plastiques pour l'étanchéité), qu'il faut produire et recycler/jeter.
- Le second est qu'elles impliquent une consommation énergétique bien plus importante, surtout la surgélation.
- Et le dernier, c'est que davantage d'intermédiaires apparaissent entre le producteur et le vendeur.
On peut aussi trouver des produits frais hors-saison, et dans ce cas-là, ils viennent soit de l'autre bout du monde, soit de serres où la température et la lumière sont régulées électriquement, ce qui augmente drastiquement leur empreinte carbone.
Par exemple, les fruits et légumes transportés par avion génèrent en moyenne 21,9 kg de CO2 par kg de fruits et légumes contre 1,3 kg eCO2 s'ils sont importés par bateau ou par camion et 0,3 kg eCO2 pour ceux produits localement, d'après la base de données FoodGES de l'Ademe. De même, les tomates cultivées sous serre nécessitent par exemple 4.5 fois plus d'énergie que celles plantées en pleine terre, selon une étude de l'Inra.
Pour rappel, voici le calendrier des fruits & légumes en france.
Bonus santé
Chaque saison répond à un besoin du corps humain. En hiver, avec le froid et le manque de soleil, notre corps réclame plus de nutriments et de vitamines C. Tant mieux, c’est la saison des légumes riches en minéraux (poireaux, choux, épinards) et des agrumes pleins de vitamine C (mandarines, pamplemousses, clémentines). En été, avec la chaleur, notre organisme dépense moins de calories mais demande plus d’eau : tous les fruits et légumes de la saison en sont gorgés : melons, tomates, courgettes, pastèques, etc. !
Là encore il convient de s'informer de la provenance des produits et de vérifier leur saisonnalité !
Le mot de la fin
Les deux solutions, manger local et manger de saison, sont utiles et complémentaires. Toutefois, si nous devions les comparer, d'un point de vue purement comptable sur l'empreinte carbone, manger de saison est une solution plus efficace pour réduire son impact environnemental.
En effet, les gains sur le transport sont souvent marginaux. De l'autre côté, faire chauffer une serre localement ou faire venir un produit de l'autre bout du monde est un désastre énergétique. Il est donc préférable de s'adapter à la nature et non l'inverse. En plus, il est impossible de manger localement sans manger de saison. Donc si vous devez être vigilant sur un critère, favoriser celui-ci.
Le nec-plus-ultra restera de consommer à la fois en circuit court, local et de saison.