RSE et développement durable : liens, différences et complémentarités

Introduction
Dans le paysage économique contemporain, deux concepts étroitement liés se sont imposés comme incontournables pour les entreprises : la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et le développement durable. Bien que souvent utilisés de manière interchangeable, ces deux notions présentent des spécificités qui méritent d'être clarifiées. Comment s'articulent-elles ? Quelles sont leurs différences ? Comment se complètent-elles au sein des stratégies des organisations ? Cet article propose d'explorer les liens, nuances et complémentarités entre RSE et développement durable, pour mieux comprendre comment les entreprises peuvent intégrer ces dimensions dans leur fonctionnement quotidien.
Définitions et origines : deux concepts aux racines distinctes
Le développement durable : une vision globale et systémique
Le concept de développement durable trouve ses origines dans les préoccupations environnementales des années 1970, mais sa définition la plus connue a été formulée en 1987 dans le rapport Brundtland, intitulé « Notre avenir à tous ». Il y est défini comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Cette approche repose sur trois piliers fondamentaux, souvent représentés sous forme de cercles interconnectés :
- L'efficacité économique
- L'équité sociale
- La préservation de l'environnement
Le développement durable constitue donc une vision macroscopique qui concerne l'ensemble des acteurs du monde : gouvernements, institutions internationales, entreprises, mais aussi citoyens. À l'échelle mondiale, il s'est notamment concrétisé par l'adoption des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) par les Nations Unies en 2015, fixant un agenda ambitieux à l'horizon 2030.
La RSE : l'application du développement durable à l'échelle de l'entreprise
La RSE représente quant à elle l'intégration volontaire des préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans les activités commerciales des entreprises et leurs relations avec leurs parties prenantes. Selon la Commission européenne, il s'agit de « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu'elles exercent sur la société ».
Si le terme RSE s'est popularisé dans les années 2000, le concept remonte aux années 1950 avec les premiers questionnements sur la responsabilité des entreprises au-delà de leur mission économique. En France, cette notion a pris une dimension réglementaire avec différentes lois, comme la loi NRE de 2001, puis la loi PACTE de 2019 qui a introduit la notion de raison d'être et le statut d'entreprise à mission.
La norme internationale ISO 26000, publiée en 2010, a proposé un cadre de référence structurant la RSE autour de sept piliers : la gouvernance de l'organisation, les droits de l'Homme, les relations et conditions de travail, l'environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, et les communautés et le développement local.
Relations entre RSE et développement durable : complémentarité et articulation
La RSE comme contribution des entreprises au développement durable
La relation entre ces deux notions peut être résumée ainsi : le développement durable constitue l'objectif global à atteindre, tandis que la RSE représente la contribution spécifique des entreprises à cet objectif.
En d'autres termes, la RSE est le moyen par lequel les organisations intègrent les principes du développement durable dans leur stratégie et leurs activités quotidiennes. Elle traduit en actions concrètes et mesurables les ambitions plus larges du développement durable.
Cette articulation est particulièrement visible dans la façon dont les entreprises s'approprient les ODD. Une étude de la Plateforme RSE révèle que 75% des grandes entreprises françaises font désormais référence aux ODD dans leur rapport extra-financier, illustrant ce lien direct entre leur démarche RSE et les objectifs internationaux de développement durable.
De nouvelles approches intégratives : l'ESG et l'impact
Ces dernières années ont vu émerger de nouvelles terminologies qui viennent enrichir ce paysage conceptuel. Le sigle ESG (Environnement, Social, Gouvernance) s'est notamment imposé dans le domaine de la finance et de l'investissement responsable. Il constitue un volet opérationnel de la RSE, avec des critères plus facilement mesurables pour évaluer les performances extra-financières des entreprises.
Plus récemment encore, la notion d'impact a pris de l'ampleur, traduisant une volonté d'aller au-delà des intentions pour mesurer concrètement les impacts positifs et négatifs des activités économiques sur la société et l'environnement.
Cette évolution terminologique reflète une tendance de fond : l'intégration toujours plus poussée des enjeux sociaux et environnementaux dans le mode de fonctionnement des entreprises, au point que la frontière entre performance économique et contribution sociétale tend à s'estomper.
Les différences fondamentales entre RSE et développement durable
Malgré leurs liens étroits, plusieurs différences significatives distinguent ces deux notions :
Échelle d'application
Le développement durable concerne l'ensemble de la société et s'applique à tous les niveaux (international, national, local), tandis que la RSE s'applique spécifiquement à l'échelle des organisations, principalement des entreprises.
Portée temporelle et spatiale
Le développement durable adopte une vision à très long terme, intégrant les générations futures, et une approche globale des problématiques. La RSE, bien qu'orientée vers le futur, se concentre davantage sur des actions concrètes et mesurables à moyen terme, souvent liées aux sphères d'influence directes de l'entreprise.
Cadre normatif
Le développement durable s'inscrit principalement dans des accords internationaux et des politiques publiques, alors que la RSE dispose de normes et référentiels spécifiques comme l'ISO 26000, et s'intègre dans un cadre réglementaire croissant avec des obligations de reporting extra-financier, comme la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) en Europe.
L'évolution du cadre réglementaire : vers une convergence
Ces dernières années, la frontière entre RSE et développement durable tend à s'estomper sous l'effet d'une réglementation de plus en plus contraignante.
En France, la loi sur le devoir de vigilance (2017), puis la loi Énergie-Climat (2019) ont considérablement renforcé les exigences en matière de transparence pour les entreprises. À l'échelle européenne, l'adoption du Green Deal et la publication de la taxonomie verte marquent une nouvelle étape dans l'intégration des enjeux de développement durable au cœur de l'économie.
Le ministère de la Transition écologique et solidaire a également lancé diverses initiatives pour accompagner les entreprises dans cette transition, comme la plateforme RSE qui réunit l'ensemble des parties prenantes pour favoriser la concertation et l'élaboration de propositions concrètes.
Cette évolution témoigne d'une mise en œuvre plus structurée des principes du développement durable à travers la RSE, qui devient progressivement une composante incontournable de la gestion des entreprises.
Comment les entreprises intègrent ces dimensions en pratique
L'intégration conjointe de la RSE et du développement durable peut prendre différentes formes selon le secteur d'activité et la taille de l'entreprise :
- Alignement stratégique : De plus en plus d'entreprises alignent leur stratégie RSE avec les ODD, identifiant les objectifs sur lesquels elles peuvent avoir un impact significatif.
- Label et certifications : L'adoption de labels reconnus (B Corp, Engagé RSE, etc.) permet aux entreprises de structurer leur démarche et de la faire reconnaître.
- Reporting intégré : Les rapports d'activité intègrent désormais fréquemment les informations financières et extra-financières, illustrant la convergence entre performance économique et sociétale.
- Innovation responsable : Les défis du développement durable deviennent des opportunités d'innovation pour transformer les métiers et développer de nouvelles offres.
Par exemple, une entreprise du secteur alimentaire peut développer une démarche RSE axée sur l'approvisionnement responsable et les conditions de travail équitables, tout en contribuant aux ODD relatifs à la faim zéro et à la consommation responsable.
Conclusion : vers une intégration toujours plus poussée
RSE et développement durable, bien que distincts dans leurs origines et leur portée, convergent aujourd'hui vers un objectif commun : transformer notre modèle économique pour le rendre plus durable, équitable et respectueux des limites planétaires.
Les frontières entre ces concepts tendent à s'estomper à mesure que les entreprises intègrent les préoccupations sociétales et environnementales au cœur de leur activités. L'année 2023 marque une nouvelle étape dans cette évolution avec l'entrée en vigueur progressive de nouvelles réglementations européennes comme la directive ESG Act.
Pour les entreprises, l'enjeu n'est plus de choisir entre RSE et développement durable, mais de développer une approche intégrée qui place les enjeux de durabilité au cœur de leur modèle d'affaires. C'est en relevant ce défi qu'elles pourront assurer leur pérennité tout en contribuant positivement à la société.
Dans cette optique, des solutions innovantes comme celles proposées par Ekip contribuent à cette transition en permettant aux entreprises d'optimiser la gestion des avantages aux salariés de manière responsable. En digitalisant le titre-restaurant, Ekip participe concrètement à la réduction de l'empreinte environnementale des entreprises, tout en améliorant la qualité de vie au travail - illustrant parfaitement cette convergence entre performance économique, bien-être social et respect de l'environnement qui caractérise l'approche moderne de la RSE et du développement durable.