La bioremédiation : Quand la nature nous aide à réparer nos erreurs

La bioremédiation : Quand la nature nous aide à réparer nos erreurs
Photo by June O / Unsplash

Il existe plus de 3 millions de sites pollués à travers le monde, couvrant environ 22 millions d'hectares de notre planète.. C’est énorme ! Cette pollution représente un réel problème qu’il faut traité au plus vite. Elle nous touche directement par ses effets néfastes sur notre santé, notre environnement, et notre qualité de vie en contaminant l'eau, l'air et les sols. Cependant, la réhabilitation de ces sites par des méthodes traditionnelles coûterait des milliards d'euros, ce qui laisse bon nombre de ces endroits abandonnés.

Récemment, une solutions émergentes attire de plus en plus l’attention: la bioremédiation. Cette méthode naturelle et peu coûteuse utilise la puissance de la nature pour éliminer les polluants et restaurer la santé de notre environnement.


C'est quoi la bioremédiation ?

La bioremédiation, terme qui peut paraître complexe, est une approche environnementale qui utilise des organismes vivants tels que des bactéries, des champignons, des plantes ou des animaux pour décomposer, réduire ou neutraliser les polluants dans l'environnement.

Au lieu de recourir à des produits chimiques ou à des méthodes destructrices, la bioremédiation s'appuie sur la capacité naturelle de ces organismes à éliminer les contaminants, contribuant ainsi à dépolluer les sols, les eaux et même l'air.

Comment fonctionne-t-elle ?

La bioremédiation englobe divers organismes vivants, chacun ayant des propriétés spécifiques pour traiter un type de pollution particulier.

Les scientifiques sélectionnent soigneusement ces organismes en fonction de l'emplacement et des caractéristiques de l'environnement à dépolluer. Le processus comprend les étapes suivantes :

  • Les organismes sont introduits dans l'environnement contaminé, soit directement, soit en favorisant leur croissance naturelle.
  • Une fois en place, ces organismes vivants commencent à agir. Par exemple, des bactéries peuvent décomposer des hydrocarbures dans le sol en éléments non toxiques, des plantes peuvent absorber des métaux lourds, et des champignons peuvent décomposer des produits chimiques toxiques.
  • Pendant le processus, les scientifiques surveillent attentivement les niveaux de pollution et l'efficacité des organismes choisis. Si nécessaire, ils ajustent les conditions pour optimiser la dégradation des polluants.

L'impact positif sur l'environnement

La bioremédiation est une méthode efficace et respectueuse de l'environnement pour restaurer des sites contaminés. Elle est économique, nécessitant généralement de 10 à 100 fois moins de ressources financières que d'autres méthodes de dépollution. De plus, elle produit moins de pollution que les méthodes traditionnelles (consistant en l’excavation des sols contaminés puis l’enfouissement de ceux ci), qui se contentent seulement de déplacer le problème et qui génère des émissions de gaz à effet de serre dû à leur manutention.

Les défis de la bioremédiation

Bien que la bioremédiation offre de nombreux avantages, elle présente également des défis.

La nature est lente ! Les résultats peuvent donc prendre plus de temps à obtenir par rapport aux méthodes traditionnelles et cela exclue donc son utilisation lors de réhabilitation d'urgence.

Il peut aussi être difficile de trouver l'organisme approprié pour chaque cas de pollution, en tenant compte du fait que les concentrations de polluants ne doivent pas être trop élevées pour que cela fonctionne (il faut tout de même des concentrations compatibles avec la vie !)

La baie de Cheonggyecheon, Corée du Sud 

Une efficacité prouvée à plusieurs reprise

  • La baie de Cheonggyecheon, Corée du Sud : Autrefois gravement polluée par des métaux lourds et des substances toxiques, la baie de Cheonggyecheon a été réhabilitée grâce à la bioremédiation. Des plantes dépolluantes ont été introduites pour absorber les contaminants et restaurer la qualité de l'eau.
  • La catastrophe de l'Exxon Valdez, Alaska, États-Unis : Après le déversement de pétrole par le pétrolier Exxon Valdez en 1989, des bactéries dégradatrices de pétrole ont été utilisées pour accélérer la décomposition des hydrocarbures dans le sol et l'eau, contribuant ainsi à la récupération de l'écosystème côtier.
  • Le site de Chernobyl, Ukraine : Des champignons, tels que le "Chernobylite," ont été étudiés pour leur capacité à absorber les métaux radioactifs du sol dans la zone d'exclusion de Chernobyl, contribuant ainsi à réduire la dispersion de la radioactivité.
  • Les marais artificiels dans le bassin des Grands Lacs, États-Unis et Canada : Des marais artificiels ont été créés pour filtrer et dépolluer les eaux chargées en nutriments et en contaminants agricoles avant qu'elles n'atteignent les Grands Lacs, contribuant ainsi à prévenir la prolifération d'algues nuisibles.

Un avenir plus propre grâce à la bioremédiation

La bioremédiation offre un moyen prometteur de lutter contre la pollution de manière respectueuse de l'environnement. Au lieu de déplacer ou d'enfouir la pollution, elle la transforme grâce aux organismes vivants. Cela contribue à restaurer la santé des sols, de l'eau et de l'air, créant ainsi un avenir plus propre et plus durable pour notre planète. Comme l'a souligné Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO, la pollution des sols affecte tout, de la nourriture que nous mangeons à l'air que nous respirons, ce qui rend la bioremédiation d'autant plus cruciale pour notre avenir.