Le bien est-il l'ennemie du bon?

Le bien est-il l'ennemie du bon?

Vous l’avez sans doute déjà entendue cette rumeur qui court sur le fait qu’on ne pourrait plus rien manger ou que tout ce qui est bon est interdit. Surtout à la période des fêtes...

Alors faut-il vraiment réduire tout ce qui est bon pour s’assurer d’une « bonne » santé ?

Non, définitivement NON !

L’erreur a sans doute été ces dernières années de lier la santé à des « régimes » très contraignants, et de présenter les recommandations nutritionnelles comme autant de « réductions » ou « diminutions » de tel ou tel aliment.

Devenez Madame ou Monsieur "PLUS"

La santé passe d’abord par l’ajout de PLUS de certaines familles d’aliments ou produits, qui ne sont en aucun cas des purges !

Plus de fruits, plus de légumes, plus de pois chiches, lentilles, haricots, plus de noix, noisettes, amandes, plus d’olives et d’huile d’olive, plus d’herbes aromatiques, plus de sardines, maquereaux ou hareng, plus de fruits de mer, le tout avec plus de bons pains au levain, avec du chocolat encore plus noir.

Franchement il y a pire non ?

Le virage végétal (non exclusif) pris par les grands chefs français, tels que Alain Ducasse, Thierry Marx ou Alain Passard, les ambassadeurs de la gastronomie française, en est la meilleure preuve. Tous louent la créativité débridée qu’autorisent les végétaux.

Plus de végétaux donc, le reste viendra forcément en moins, inutile de s’appesantir sur le sujet… surtout lorsqu’il est si polémique…

On ne peut nier que la réduction de la consommation de viande est au centre des deux problématiques que sont la santé (pour son apport en acides gras saturés, son impact acidifiant sur l’organisme et la surcharge occasionnée sur les reins pour l’éliminer) et le changement climatique. Elle est responsable à elle seule de près de 15% des GES en France. Mais c’est un sujet qui déclenche les passions, car c’est aussi un marqueur politique et social. En manger, ou plutôt l’adorer, vous classe immédiatement dans une certaine catégorie, et revendiquer ne plus en manger, dans une autre. L’une ne pouvant échanger avec l’autre.

Je vous déconseille donc d’aborder le sujet lors des diners de fin d’année. En revanche, sans le faire remarquer, sans le revendiquer, il est grand temps d’explorer d’autres voies pour les diners de fête.

Des recettes qui cachent bien leur jeu

Pour tenter de réconcilier les deux camps, parlons gastronomie justement et laissez-vous guider et inspirer par les recettes des plus grands, glanées sur le net ou Instagram et faites découvrir à vos invités des menus tellement bons, qu’ils ne verront même pas qu’ils ne contiennent pas de viande. Faites-en un challenge perso, mais chut, ne l’ébruitez pas.

Alain Passard, comme Paul Delrez, proposent sur leur compte Instagram des recettes à base de bourguignon de champignons. Le premier le présente en tourte élégante, le second avec une polenta. Vous pouvez aussi tenter le soufflé au Cheddar et son coulis de cresson, servi par Yannick Alléno dans son restaurant de Londres, sans parler du soufflé au Panais, testé dans un restaurant à Bordeaux le week end dernier. Vous trouverez sur mon site perfect-equilibre.fr des recettes adaptées de ces belles idées.

Il y a bien trop de choses à découvrir pour se satisfaire d’une grosse dinde rotîe au four ou d’un saumon fumé sous cellophane. Le sauvage est hors de prix, celui d’élevage, riches en métaux lourds ou pesticides et nécessite jusqu’à 300 kg de poissons sauvages pour être nourris, augmentant ainsi les menaces pesant sur la biodiversité.

Faites plutôt précéder ces délicieux plats d’un plateau d’huitres ou d’un carpaccio de noix de Saint-Jacques, accompagnez-les de légumes (pommes de terre au four et au parmesan, poireaux au citron sauce Caesar, carottes rôties au miso) et faites-les suivre de beaux fromages et d’un dessert maison, de quelques fruits coupés et glacés et le tour est joué.

Devenez ultrasélectifs

Bon… Si la pression familiale est trop forte pour des protéines animales plus classiques, faites le choix de la qualité : bio ou avec un label et provenant d’un producteur local, en circuit court c’est encore mieux. Surtout évitez tous les plats préparés, les ultratransformés, et devenez ultrasélectifs.

La moitié de votre assiette devrait être composée de légumes et fruits. Mais comme la santé passe aussi par le plaisir et que l’équilibre ne se fait pas sur un repas, ni même sur une seule journée, ce n’est pas parce que vous vous faites plaisir aujourd’hui ou demain, que vous allez ruiner votre équilibre alimentaire. Vous connaissez la loi de Paretto ? A 80% je planifie et contrôle mon alimentation comme je le fais pour mes séances de sports, je fais en sorte que mon assiette s’équilibre d’un jour à l’autre, et je me fais plaisir sur les 20% restant. Très bonnes fêtes !